Grand-Mère (Shawinigan), QC, Canada
André Beauséjour
Résidence actuelle : Québec, QC, Canada
En mai 1960 alors que j’étais en poste à l’hôpital de Valcartier en tant que capitaine officier médical, je reçois l’ordre du Directeur Général du Service Médical (DGSM/DGMS) de me rendre à Gaza pour servir dans la Force d’Urgence des Nations Unis.
Marié depuis trois ans et père d’un enfant de deux ans, il va sans dire que mon épouse et moi étions déçus d’autant plus que le départ pour Trenton avait lieu le jour même de notre anniversaire de mariage, le 7 juin. Départ en train. Arrivée à Trenton le lendemain. Paperasses. Vaccins. Testament. Puis voyage de Trenton à Gander en DC3 définitivement pas confortable et sans insonorisation. Escales à Gander, Lisbonne, Pise, Athènes, le Caire et enfin arrivée à l’aéroport des Nation Unies à El Arish. Le bruit et le manque de pression dans la cabine de l’avion nous avait assourdi pendant 48 heures au point où nous sortions de l’appareil la bouche ouverte et avions l’air débiles.
Un médecin et un chauffeur de Rafah m’attendait avec Citroën 2ch et nous avons fait le voyage de 25 kilomètres d’El Arish à Rafah où se situait l’hôpital canadien. En fait, cet hôpital sous tente était plutôt une infirmerie de 20 lits et le vrai hôpital de ce nom en murs solides était dirigé par les Norvégiens. L’activité principale du poste médical canadien dirigé alors par le major Babineau était celui de clinique externe (MIR) pour les militaires canadiens et le personnel palestinien du camp, raison pour laquelle nous avions les services permanent d’un interprète. Les ressources et l’équipement médical étaient adéquats et je garde un bon souvenir de mon travail à cet endroit.
Le camp de Rafah était donc en plein désert. Entouré de barbelés et de miradors. L’armée suédoise en avaient la garde. Les logements d’officiers étaient confortables étant ceux d’une ancienne garnison britannique. Le mess, partagé entre officiers canadiens et indiens était très agréable pour les repas et activités sociales. Pendant mon séjour, j’ai eu trois semaines de vacances à Beyrouth, au Caire et à Jérusalem. Et comme médecin, deux voyages de consultation à Tel Aviv. De plus, j’ai passé trois semaines à Sharm El Sheikh comme médecin de la garnison de l’armée norvégienne ; notamment un groupe d’une grande sympathie et de bonne compagnie.
Le régiment canadien Fort Garry Horse avait la tâche de patrouiller la frontière israélo-égyptienne pour prévenir tout conflit. En réalité, durant mes 6 mois de service je n’ai eu connaissance d’aucun conflit. À cette époque, les belligérants étaient très respectueux des Bérets bleus. Le personnel de soutien palestiniens effectuait très bien leur travail de cuisiniers, infirmiers et aides de toutes sortes. Et, de façon générale, le respect était mutuel entre eux et nous. Les relations étaient relativement bonnes entre le gouvernement égyptien, l’armée égyptienne et nous. Mais Nasser ne voulait pas un régiment qui porterait le mot «Royal » ni de l’exposition du drapeau canadien où se trouvait alors le drapeau britannique.
Pour raison de santé, j’ai du quitté l’Égypte en décembre 1960, y laissant de grands amis et de bons souvenirs, pour reprendre mon poste à Valcartier. Avant mon départ, on m’a remis la médaille de la Force d’Urgence des Nations Unis.
Biographie
Né en 1932 dans la petite ville industrielle de Grand-Mère (Shawinigan), province de Québec, d’une famille de 10 enfants. Père comptable à la ville, mère journaliste et écrivain. Après mes études primaires, je fais mon cours classique latin-grec aux séminaires de Trois-Rivières et de Joliette. C’est là que j’entends parler du COTC (Canadian Officer Training corps) un programme de formation pour officier et m’y engage. Je passe donc l’été 1952 à la Citadelle de Québec pour le basic training de l’École d’infanterie Royale Canadienne (RCS of I). Entrainement dur mais dans un endroit magnifique. Puis en 53 je passe à Shilo dans l’artillerie de campagne (RCA). Je reçois ma commission d’officier d’artillerie en novembre 1953.
Je suis accepté en médecine en septembre 53 à l’université Laval de Québec, je deviens membre du Corps Médical (RCAMC) tout en demeurant dans le COTC. En 1957 j’entre dans l’armée active en tant que capitaine officier médical. J’ai accepté un poste à Valcartier, l’hôpital militaire de Québec, le Covefield de Québec, Gaza et Churchill. Je passe mes examens de Capitaine à Major en septembre 1962 à Borden et suis promu A/Major un mois plus tard. Je termine ma carrière militaire alors officier commandant (OIC) de l’hôpital de Valcartier en mai 63. Plus tard je me spécialise comme médecin pédopsychiatre et pratique principalement à Québec pendant 27 ans sans n’avoir laissé de côté un petit coin pour la médecine générale et gardant de bons souvenirs de mes activités militaires.
Hôpital canadien, Gaza, 1960.
André Beauséjour dans le désert du Sinaï, 1960.
André Beauséjour avec des Bédouins dans le désert du Sinaï, 1960.