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UN EST DEVENU QUATRE

Tout a commencé très innocemment à l’automne 1990. Après plusieurs discussions avec des collègues sur leur expérience en tant qu’observateurs militaires des Nations unies (UNMO) au sein de l’Organisme des Nations unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST), une mission des Nations unies englobant plusieurs pays du Moyen-Orient, j’ai décidé de me porter volontaire pour une opération de maintien de la paix.

Mon supérieur revenait d’une opération en Amérique centrale qui couvrait cinq pays et qui portait le nom de Groupe d’observateurs des Nations unies en Amérique centrale (ONUCA). Il m’a dit que c’était là que je devais — et que j’allais — être affecté et, bien que j’aie répondu par l’affirmative, j’ai pensé que mes chances étaient minces. À la mi-janvier 1991, j’ai eu la surprise de recevoir un message m’informant que j’étais affecté à l’opération SULTAN, la mission ONUCA. 

Les décisions et les actions que j’ai prises par la suite allaient être, à mon insu, cruciales pour mon déploiement et mon redéploiement dans d’autres missions en Amérique centrale. Tout d’abord, comme c’était la tradition à l’époque, du moins c’est ce que j’ai appris, j’ai envoyé une lettre de présentation au commandant, le général de division Lewis Mackenzie. Deuxièmement, bien qu’il s’agisse d’une « mission anglophone », j’ai décidé de commencer à apprendre l’espagnol, pensant que, puisque je vivrais et travaillerais en Amérique centrale, il valait mieux apprendre la langue. 

En mai, je me suis rendue à Longue-Pointe (Montréal) pour suivre la formation d’une semaine préalable au déploiement, avec tous les autres membres de l’UNMO qui allaient participer à cette mission ou à d’autres missions de maintien de la paix. C’est également au cours de cette semaine que nous avons appris que le Canada diminuait ses contributions à l’ONUCA et que certains d’entre nous ne seraient pas déployés. J’ai donc immédiatement appelé mon gestionnaire de carrière, qui m’a assuré que j’irais, comme l’avait demandé le Mgén Mackenzie lui-même. J’ai attribué cela à la lettre de présentation que je lui avais envoyée, ce que la majorité des autres membres n’avait pas fait. 

Arrivé à Tegucigalpa, au Honduras, en juin, j’ai été envoyé quelques jours plus tard à Chinandega, au Nicaragua. J’ai appris plus tard que c’était un endroit où personne ne voulait aller, car il était éloigné et nécessitait un apprentissage rapide de la langue.

En janvier 1991, nous avons tous appris que notre mission, ONUCA, prendrait fin en février. Peu après, on nous a dit de déménager dans une autre mission, à côté, au Salvador. Nous avons donc tout emballé et, avant la fin du mois de janvier, j’ai quitté Chinandega avec le détachement précurseur et je me suis rendu à San Salvador, la capitale du Salvador. J’étais alors affecté à l’opération MATCH, le groupe d’observateurs des Nations unies au Salvador (ONUSAL). Au début, nous avons reçu plusieurs Canadiens pour nous aider à démarrer la mission, mais après quelques semaines, ils ont dû repartir. Quelque quatorze autres officiers qui avaient été transférés de la mission ONUCA à ONUSAL sont également partis au début du mois de mars, principalement parce que cette nouvelle mission était désormais établie en tant que mission hispanophone. Heureusement, j’avais appris suffisamment de choses pour pouvoir rester, ce que j’ai fait jusqu’en août 1992. 

En 1996, je me préparais, avec le 3R22eR, à un déploiement en Haïti pour le printemps 1997. De manière inattendue, un message m’est parvenu pendant la période des fêtes. Ils avaient besoin d’officiers hispanophones pour une nouvelle mission au Guatemala, et celle-ci avait la priorité sur les autres missions. Au début du mois de janvier 1997, plus de 20 officiers de différents éléments se sont rassemblés à Kingston pour recevoir une formation préalable au déploiement et être testés par le commandant du contingent canadien, le lieutenant-colonel Alex Fieglar. Le fait que lui et moi nous connaissions depuis notre précédente mission au Salvador, et que je parlais espagnol, a certainement contribué à mon affectation à l’opération VISION, la Mission de vérification des Nations Unies au Guatemala (MINUGUA). Cette mission consistait à déployer la première femme officier canadienne en tant qu’observateur militaire, le capitaine Eva Martinez, un officier excellent et très respecté. C’était la première fois que le contingent canadien, fort de 15 personnes, se déplaçait en même temps, transporté par C-130 Hercules, d’abord à la base aérienne d’Eglin aux États-Unis, puis tôt le lendemain matin à Guatemala City. 

À l’arrivée de cette mission, nous avons dû prouver, par le biais d’un test oral, que nous parlions espagnol. Au début, c’était un peu insultant, mais nous avons ensuite réalisé que le contingent espagnol avait amené plus d’officiers que prévu. Chacun d’entre eux se précipitait parmi les autres contingents non hispanophones pour trouver quelqu’un qui ne parlait pas la langue, afin de les remplacer. Aucun membre du contingent canadien n’a été expulsé. Cette mission n’a pas duré très longtemps et, en juin 1997, nous étions tous de retour au Canada. 

Cependant, cette mission ne devait pas s’arrêter là. Au moment de notre départ, l’ambassadeur canadien, M. Dan Livermore, a demandé au Canada d’envoyer un officier militaire pour rejoindre les cinq membres de la GRC déjà déployés au sein de la MINUGUA. Quelques mois après avoir été envoyé au Canada, j’ai reçu un message de mission contenant des critères stricts à respecter. L’officier devait être hispanophone, avoir une expérience passée en Amérique centrale, une expérience passée avec l’opération MINUGUA et, enfin, à la dernière page, les noms de trois officiers recommandés pour le déploiement. Mon nom y figurait, ainsi que celui de deux de mes collègues, le major P. Van Doesburg et le capitaine C. Beltram. Nous sommes tous partis, mais à des moments différents. J’ai eu la chance d’être le premier à être déployé en 1998. 

À mon retour en 1999, j’ai été chargé d’enseigner le maintien de la paix et le travail d’observateur militaire des Nations unies au Centre de formation au soutien de la paix (CFSP), à Kingston (ON), et peu de temps après, j’ai été affecté à plein temps au CFSP. Outre ces quatre missions de l’ONU, j’ai eu l’occasion, en 1995, de servir au sein de la Force de protection des Nations unies, (FORPRONU). Enfin, c’est de Kingston que j’ai quitté l’armée après 23 ans et que j’ai commencé à travailler pour les Nations unies, ici, là et partout.

Biographie

Claude Vadeboncoeur a servi 23 ans dans les Forces armées canadiennes en tant qu’officier d’infanterie au sein du Royal 22e Régiment. Outre le Régiment aéroporté du Canada, le R22eR et divers QG, il a également participé, dans les années 1990, à cinq opérations de maintien de la paix, principalement en Amérique centrale, mais aussi en Europe. Après ces opérations, il a eu la chance de pouvoir transmettre son expérience et ses connaissances lorsqu’il a été affecté en tant qu’instructeur au Centre de formation pour le soutien de la paix, à Kingston (ON). Là, il a participé à l’enseignement et à la formation des observateurs militaires des Nations unies (OMNU) canadiens et étrangers avant leur propre déploiement. Il a également été envoyé en Argentine et en Pologne pour former des officiers et des troupes. 

Après avoir pris sa retraite en 2002, il a travaillé pour différentes agences, fonds, programmes et autres organisations des Nations unies dans le monde entier, dans les domaines de la sûreté et de la sécurité. Lorsqu’il ne travaillait pas, il naviguait dans les Caraïbes. Son dernier déploiement a eu lieu en Guinée, en Afrique de l’Ouest, où il était conseiller principal du président du pays. Il était responsable de la réforme de la gouvernance de cinq départements ministériels différents, à savoir : Défense, Sécurité publique, Justice, Budget et Environnement. À la fin de son mandat, il a reçu l’Ordre National du Mérite au grade d’Officier.

Claude est titulaire d’une licence en arts et sciences militaires et d’une maîtrise en négociation internationale et élaboration de politiques. Lorsqu’il n’est pas en voyage ou en train de surfer, il vit à Sutton (QC).

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