Rouyn-Noranda, QC, Canada
Jean Paul Presley
Résidence actuelle : Chatham, ON, Canada
Trois mois après avoir terminé le camp d'entraînement, environ 150 d'entre nous ont reçu l'ordre de se rendre à Chypre pour une mission de maintien de la paix. Je ne savais pas si j'étais prêt à faire mon devoir de représentant du Canada, mais je me suis fié à mon entraînement. En février 1969, nous avons débarqué à Chypre, où nous avons connu pour la première fois des températures de plus de 110 degrés F à l'ombre. Mon poste se trouvait dans la capitale de Chypre, Nicosie, où nous avons pris nos quartiers dans une école abandonnée. J'ai appris plus tard que nos logements étaient luxueux par rapport à ceux de nos camarades qui se trouvaient dans les collines.
La première chose à faire était de mettre en place des équipes de travail 24 heures sur 24, avec des rotations de six heures. Nous avions au moins 20 à 30 avant-postes sur la ligne verte, qui est le *no man's land* urbain de Nicosie, formant la frontière de facto entre la République de Chypre à majorité grecque et la République turque de Chypre du Nord. Notre objectif était de séparer les Turcs et les Grecs. Chaque partie dispose de ses propres bunkers (abri) pour empêcher l'entrée sur son territoire. En installant les forces canadiennes de maintien de la paix entre les deux parties, on s'assurait qu'il n'y avait aucun risque de déclencher un conflit. Une partie de nos tâches consistait à signaler tout changement que nous observions dans les bunkers ou les barricades. Non seulement nous avions des soldats postés à ces postes, mais il y avait aussi des soldats qui patrouillaient constamment dans les périmètres. Il n'était pas difficile de remarquer la différence de mode de vie entre les Grecs et les Turcs. À Chypre, à l'époque, les Grecs étaient très avancés sur le plan technologique, tandis que les Turcs s'accrochaient fermement aux vieilles méthodes.
Un poste avancé particulier se trouvait sur le toit d'un immeuble de six étages, où je me promenais et surveillais la situation des deux côtés à l'aide de jumelles. Un jour, alors que je faisais ma ronde du côté grec, où leur immeuble était plus haut que le mien de plusieurs étages, j'ai aperçu un soldat grec qui me regardait du haut de son immeuble en pointant son fusil directement sur moi. Je me demandais alors s'il allait me tirer dessus ou quoi ? Nous portons toujours un chargeur de munitions réelles. J'ai donc fait semblant d'armer mon fusil et je l'ai pointé directement sur lui, juste au cas où il commencerait à tirer. Il a fini par poser son fusil et j'ai fait de même. Comme j'ai 18 ans, je ne sais pas si j'aurais riposté s'il m'avait tiré dessus. Heureusement, je n'ai pas eu à le découvrir. J'ai signalé l'incident à l'officier du jour et j'ai rapporté l'incident évité de justesse.
Une autre fois, vers minuit, mon camarade et moi patrouillions entre les avant-postes lorsque nous avons entendu deux personnes crier l'une contre l'autre, l'une du côté grec et l'autre du côté turc. Nous nous sommes rapidement approchés du bruit pour essayer de désamorcer la situation. Mon camarade et moi nous sommes séparés et nous avons pris chacun un côté pour comprendre ce qui se passait. A notre grande surprise, ces deux hommes étaient amis et criaient pour s'entendre.
Six soldats et moi-même avons reçu l'ordre de procéder à un échange avec six Casques bleus danois. Leurs quartiers étaient situés dans les collines. C'était très différent à l'extérieur, où le poste se trouve directement entre les Grecs et les Turcs. Nous vérifiions constamment leur position des deux côtés en raison du risque de tirs croisés, qui se produisait de temps à autre. Le mode de vie danois était très différent du nôtre et je suis heureux que mes camarades et moi ayons pu en faire l'expérience.
Biographie
Je suis née en 1950 à Rouyn-Noranda (QC). À l'âge de cinq ans, mon père a emballé ma mère, moi, mon frère et ma sœur pour déménager à Vancouver, en Colombie-Britannique. En raison de mon intérêt pour l'armée, j'ai rejoint les cadets à l'âge de 12 ans pour trois ans, puis la milice en tant qu'ingénieur à 15 ans, jusqu'à ce que je rejoigne les forces régulières à 18 ans. Au cours de l'été 1968, j'ai quitté Vancouver pour rejoindre le premier contingent de l'armée de terre et de l'armée de l'air à Cornwallis (NS), pour le camp d'entraînement. J'ai été envoyé à la BFC Borden à Barrie pour poursuivre ma formation, puis j'ai été affecté à Londres au 1er bataillon du Royal Canadian Regiment (1RCR).
Il y a quelques années, j'ai lu dans les journaux que les Nations Unies discutaient de la possibilité de retirer tous les militaires de Chypre. La raison pour laquelle cela ne s'est pas produit est que les Grecs et les Turcs se sont fortement opposés au retrait parce qu'ils sont conscients de l'importance du maintien de la paix, et l'ONU a donc voté pour que les choses restent en l'état.
À la fin de ma carrière militaire, à l'été 1971, je me suis installé à North Bay (ON), où j'ai rencontré et épousé ma femme, avec qui j'ai passé près de 44 ans. Ensemble, nous avons élevé notre fille et notre fils. Après 35 ans dans l'industrie de l'alimentation au détail, j'ai pris ma retraite et j'ai déménagé à Sudbury avec ma femme et mon fils adolescent. À cette époque, je me suis joint à la filiale 79 de la Légion royale canadienne. Désireux de me tenir occupé, j'ai travaillé chez Canadian Tire pendant quelques années, puis j'ai changé de carrière en devenant chauffeur d'autobus scolaire pendant cinq ans. Pendant la pandémie de grippe aviaire, ma femme et moi avons décidé de déménager dans ce que nous considérons comme le « Sud », à Chatham (ON), et je suis maintenant complètement à la retraite. Cela nous donne le temps, à mon épouse et à moi, de nous impliquer dans la filiale 642 de la Légion royale canadienne à Chatham.
Faire partie des Forces canadiennes a été une expérience que je n'oublierai jamais et dont je serai toujours fier. Nos forces militaires régulières ont gardé et gardent encore sans hésitation ce pays libre aussi longtemps qu'il le faudra.
En route pour une visite de Nicosie.
Lle commandant et moi à l'un des avant-postes.