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Calgary, AB, Canada

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Résidence actuelle : Ottawa, ON, Canada

L

orsque je suis arrivée à mon poste au sein de la Force des Nations unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) en 1994, je dois admettre que j’ai été quelque peu surprise de découvrir que j’étais la seule femme officier militaire au sein d’une force conjointe de plus de 1 500 soldats de la paix !

À l’époque, le Canada, la Pologne et l’Autriche se partageaient les responsabilités de la FNUOD. Les forces canadiennes et polonaises étaient stationnées dans le territoire syrien occupé par Israël, d’un côté de la zone de désengagement, et les forces autrichiennes se trouvaient du côté syrien. 

Une partie de ma description de poste consistait à être prêt « à tout ». Bien que les militaires participant à des opérations de maintien de la paix soient généralement en bonne santé et en pleine forme, des choses terribles peuvent se produire. Une plaque placée bien en vue dans le camp canadien rappelait la possibilité très réelle de tels événements tragiques. Le 9 août 1974, un avion Buffalo canadien effectuant un vol régulier entre le Liban et Damas a été abattu par des missiles sol-air syriens, tuant 9 membres d’équipage et passagers canadiens. Cette date, le 9 août, est officiellement reconnue au Canada comme la « Journée nationale des gardiens de la paix ». 

Pour être prêt à tout, j’ai dû me rendre en Syrie et en Israël pour nouer des relations avec les communautés médicales civiles locales et recueillir des informations auprès d’elles. Je devais comprendre leurs capacités à nous soutenir en cas d’urgence. En tant que seul médecin militaire canadien au Moyen-Orient, on m’a également demandé d’aider les autres militaires canadiens travaillant dans la région, y compris les observateurs militaires des Nations unies.

À l’époque, la situation politique en Syrie était relativement calme. Le camp canadien étant situé du côté israélien, nos possibilités de voyager les jours de congé à travers la zone de désengagement jusqu’au côté syrien nécessitaient toujours une planification et des autorisations spéciales. Chaque fois qu’il était possible de coordonner un jour de congé, de nombreux officiers canadiens disponibles partaient ensemble à la découverte de la Syrie. 

L’un de mes meilleurs souvenirs de la Syrie est la visite de Palmyre. Cette ancienne oasis se trouve à un peu plus de deux cent cinquante kilomètres de Damas. Elle était autrefois un lieu de repos pour les voyageurs fatigués qui empruntaient la route commerciale de la soie. À un moment donné de sa longue et fascinante histoire, Palmyre a été gouvernée par la reine régente Zénobie, qui, à elle seule, a repoussé les premières tentatives de prise de contrôle des Romains. 

Mais ce n’est pas seulement l’incroyable géographie et l’histoire de la Syrie qui m’ont captivé. Où que nous allions — passage de la frontière, haltes routières, marchés locaux — la réaction était la même. En Syrie, contrairement à Israël, tous les regards étaient braqués sur moi. 

De nombreux hommes syriens étaient curieux de la présence d’une femme en uniforme parmi eux, surtout lorsque je conduisais. Les hommes anglophones propriétaires de magasins essayaient souvent de m’inciter à les rejoindre pour une discussion assise, en me promettant toujours un thé « chai » chaud et sucré en guise de récompense. J’admets que j’ai d’abord pensé, avec des yeux occidentaux, que ces offres étaient des tactiques de vente voilées, des tentatives pour me convaincre d’acheter l’un de leurs produits à un prix plusieurs fois supérieur au prix normal. Bien que cela ait été le cas dans quelques cas, je me suis trompé dans la plupart des cas. Beaucoup de ces hommes voulaient simplement en savoir plus sur la vie d’une femme au Canada et dans l’armée. Ces conversations ont inévitablement débouché sur le partage de photos très appréciées de leurs femmes et de leurs filles, suivi d’invitations enthousiastes à venir chez eux. Ces hommes voulaient non seulement que je rencontre les femmes de leur vie, mais aussi que ces femmes entendent directement toutes ces histoires de la vie canadienne. 

L’une des choses que mon expérience du maintien de la paix m’a apprises, c’est que les parents sont des parents dans le monde entier. Ils aiment tous leurs enfants. Je n’ai pas de mots pour exprimer mon chagrin face aux souffrances endurées par la Syrie et son peuple au cours des années qui ont suivi ma visite. Je leur souhaite, ainsi qu’au monde entier, plus de paix. 

Biographie

Lorsque j’étais enfant, à Calgary (AB), je ne connaissais pas grand-chose de l’armée canadienne. 

La première fois que je me souviens avoir rencontré un membre des Forces armées canadiennes en chair et en os, c’était en 1983. J’étudiais la biologie marine à l’université Memorial de Terre-Neuve et ma colocataire universitaire était elle aussi « venue d’ailleurs ». Elle s’était engagée dans l’armée de réserve à Winnipeg avant d’entrer à l’université et avait été transférée dans une nouvelle unité de réserve à St. John’s. Je l’ai observée toute l’année — cirant des chaussures et repassant des uniformes pour son emploi à temps partiel. Elle semblait toujours faire des choses amusantes, elle aimait les gens avec qui elle travaillait et le salaire semblait vraiment bon, surtout à cette époque. 

Ce n’est que plusieurs années plus tard que j’ai sérieusement envisagé de m’engager dans l’armée. J’avais commencé mes études de médecine et un recruteur est venu parler à notre classe. L’un des principaux attraits de l’engagement, outre le fait que tous mes frais de scolarité étaient payés, était la possibilité de devenir un soldat de la paix canadien. 

J’avais déjà eu la chance de voyager pas mal, notamment dans des régions du monde fragiles et touchées par des conflits. J’ai pu constater de visu que la diplomatie ne pouvait pas être le seul outil dont on dispose pour assurer la sécurité du monde. Il y a des moments et des lieux où une force tierce neutre, telle que les forces de maintien de la paix des Nations unies, est nécessaire. J’ai instinctivement compris le rôle important que tout pays neutre et respecté pouvait jouer pour soutenir les opérations de paix. Le maintien de la paix m’a semblé correspondre naturellement au Canada, à ses valeurs et à ses idéaux. Ce n’est pas pour rien que c’est un Canadien qui a eu l’idée des soldats de la paix de l’ONU ! Un grand bravo à Lester B. Pearson ! 

La plupart des soldats canadiens participant aux missions de l’ONU appartiennent à des unités de l’armée et sont issus des métiers de l’armée. En tant que médecin militaire de l’armée de l’air, il m’a fallu du temps pour convaincre mon chef de carrière de m’affecter à une mission de maintien de la paix de l’ONU. Finalement, en 1994, j’ai pu servir pendant six mois au sein de la Force des Nations unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), qui surveille le cessez-le-feu de la guerre du Kippour de 1973 entre la Syrie et Israël.

Ce n’est là qu’une des nombreuses choses extraordinaires que j’ai pu faire au cours de mes vingt années de service dans les Forces armées canadiennes. J’ai eu la chance de recevoir une formation complémentaire en médecine aérospatiale et en médecine du travail. J’ai participé à des missions de recherche et de sauvetage à bord d’hélicoptères CH-133 Labrador le long de la côte est du Canada, à des missions de patrouille dans l’Arctique à bord d’avions de surveillance maritime CP-140 Aurora, à des missions humanitaires à bord d’avions de transport CP-130 Hercules, à des missions de secours en cas de catastrophe à bord d’hélicoptères tactiques CH-146 Griffon, et à des évacuations sanitaires aériennes, y compris à partir de sites de mission des Nations unies, à bord d’avions à réaction CC-144 Challenger. J’ai également été médecin de vol à l’Agence spatiale canadienne à Montréal (Québec) et au 431e escadron de démonstration aérienne des Snowbirds à Moose Jaw (SK). 

À la fin de ma carrière, j’avais travaillé comme médecin militaire dans toutes les provinces du Canada et dans plus de 20 pays. Cependant, ma carrière n’a pas été faite que de voyages et de déplacements. J’ai également occupé des postes administratifs où j’ai eu l’occasion de participer à l’élaboration de politiques médicales et de l’armée de l’air, de faire de la recherche et de contribuer à la mise en place d’une formation médicale améliorée et de programmes de soutien pour les observateurs militaires de l’ONU.

Même si mon temps avec le maintien de la paix militaire est écoulé depuis longtemps, mon intérêt pour les Nations unies et les idéaux des opérations de paix ne s’est jamais démenti. Je suis restée impliquée dans ce domaine en faisant du bénévolat auprès de la Fédération des femmes médecins du Canada et du réseau Femmes, paix et sécurité. Le réseau représente plus de 80 personnes et groupes différents qui encouragent le gouvernement canadien à soutenir la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies sur les femmes, la paix et la sécurité. Deux des objectifs de ces résolutions sont de promouvoir et de soutenir la participation des femmes à la prévention et à la résolution des conflits, ainsi que de promouvoir et de sauvegarder les droits fondamentaux des femmes et des filles. Grâce à des programmes tels que « l’Initiative Elsie pour les femmes dans les opérations de paix », le Canada contribue à garantir l’égalité, l’autonomisation, le respect et l’inclusion de tous les sexes et genres, en particulier dans les populations fragiles ou touchées par un conflit. 

Lorsque je regarde en arrière, ma carrière militaire me semble être deux décennies qui ressemble à l’attraction *montagnes russes* qui veut dire que c’était époustouflant et exaltant. Malgré les nombreux moments forts de ma carrière militaire, ma plus grande fierté reste celle d’être un soldat de la paix des Nations unies, béret bleu sur la tête et drapeau canadien sur l’épaule.

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Les missions suivantes sont présentées par les Casques bleus dans leurs anecdotes personnelles de l'Anthologie.