Neepawa, MB, Canada
Lynda Bartel
Résidence actuelle : Winnipeg, MB, Canada
J’ai été déployée sur le plateau du Golan de juin à décembre 1990. Nous étions seulement la deuxième équipe à inclure des femmes. Le plateau du Golan se trouve dans la zone de séparation entre l’Israël et la Syrie. Bien que quelques kilomètres seulement les séparent, des années les séparent au niveau de leur culture. En tant que femmes, nous avions un code vestimentaire très strict lorsque nous traversions la zone de séparation pour entrer en Syrie. Au Moyen-Orient, notre uniforme comprenait des culottes courtes, toutefois en Syrie, nous n’avions pas le droit de porter des culottes courtes, nous devions porter des pantalons longs.
Sur la place du marché en Syrie, nous étions accompagnées d’hommes et c’est eux qui parlaient le plus. Il y a eu des moments effrayants où vous pouviez voir certains hommes vous regarder avec ce qui ressemblait à de la haine. Une grande exception a été un homme qui marchait avec une jeune fille qui semblait avoir environ sept ans. Il la poussait vers moi, l’encourageant à me parler. Je me suis approché d’elle et lui ai donné une agrafe du Canada.
Une fois, on m’a demandé d’emmener quatre camions près de la zone de séparation, car un équipement lourd y creusait un fossé. On avait dit aux observateurs qu’il s’agissait d’un fossé d’irrigation, mais les dimensions suggéraient qu’il s’agissait d’un fossé anti-char. Cela contrevenait l’accord de 1974 qui interdisait aucune préparation d’un plan militaire dans la zone de séparation. Nous sommes sortis et avons encerclé l’équipement lourd afin qu’il ne puisse pas continuer à creuser. À ce moment-là, des soldats syriens et des soldats de l’ONU étaient présents. Lorsque je suis sorti du camion et que j’ai pris ma veste pare-balles et mon arme, le soldat syrien a fait la remarque suivante : « sacrées (juron) femmes et armes ». Pendant tout le temps que j’ai passé sur place, j’ai dû faire appel à un soldat masculin pour qu’il transmette tout ce que je disais, même si le soldat syrien se tenait juste devant moi.
Il y a également eu quelques cas de ce genre du côté israélien, mais la plupart du temps, nous avons été traités avec respect. On m’a demandé pourquoi mon mari m’autorisait à venir ici. Un jour, un homme m’a demandé s’il pouvait faire reculer mon camion, car il ne pensait pas qu’une femme pouvait faire reculer un gros camion.
L’un de mes meilleurs souvenirs est celui de mon séjour à Haïfa. Je m’étais arrêtée dans un quartier résidentiel où j’avais remarqué trois jeunes garçons venir vers moi. L’un était à vélo, l’autre à cheval et le troisième à dos d’âne. Pour moi, cette représente bien la vie en Israël.
Biographie
Je suis originaire de Neepawa, au Manitoba. Mon père travaillait pour la Compagnie des chemins de fer nationale du Canada et, par conséquent, nous avons vécu dans plusieurs petites villes du sud du Manitoba pendant mon enfance. Je réside présentement à Winnipeg, au Manitoba. En 1977, j’ai déménagé à Ottawa (ON), et c’est là qu’à l’âge de 24 ans, en tant que parent unique, je me suis engagé dans l’armée. Mon métier était opérateur d’équipement de soutien mobile. J’ai servi fièrement de 1977 à 2011. J’ai d’abord été affecté à Winnipeg (MB). Mes responsabilités incluaient l’opération d’équipement de soutien mobile ou je conduisais des voitures de personnel, des bus, des remorques de tracteur, de l’équipement lourd tel que des chasse-neiges et des souffleuses à neige, ainsi que l’équipement de ravitaillement en vol qui fourni le carburant pour les aéronefs.
En 1986, j’ai été affecté à Ottawa (ON). À Ottawa, j’ai travaillé comme conducteur dans des véhicules de cargaisons lourdes, et aussi comme répartitrice. J’ai également travaillé comme assistante des gestionnaires de carrière au quartier général de la Défense nationale. En août 1988, j’ai suivi un cours continu de français pendant un an et j’ai été promu au grade de caporal-chef au début de 1991. C’est à Ottawa que j’ai été sélectionné pour une mission de maintien de la paix sur le plateau du Golan, en Israël, au sein de la Force d’observation du désengagement des Nations Unies (FNUOD).
En 1991, j’ai été affecté à la BFC Winnipeg (MB), et j’ai pris ma retraite de la Force régulière en 1996. J’ai ensuite rejoint la Réserve, j’ai été promu sergent en 2008 et j’ai été employé à la 1re Division aérienne du Canada en tant qu’assistante au gestionnaire de la flotte aérienne. J’ai pris ma retraite à l’âge de 60 ans en 2011.
FNUOD, 1990.
Je reçois ma médaille de la FNUOD des mains du commandant de la force des Nations unies, le major-général autrichien Günther Greindl.