Saskatoon, SK, Canada
Terrance Swan
Résidence actuelle : Victoria, BC, Canada
En cette nuit d'août 1974, j'ai débarqué d'un 707 des Forces canadiennes sur la base aérienne d'Akrotiri, à Chypre — l'île des saints - et j'ai été accueilli par la chaude brise méditerranéenne et l'odeur des fleurs chypriotes parfumées. En tant que capitaine, j'avais été déployé à Chypre au sein de la compagnie F du 2e commando aéroporté du Régiment aéroporté du Canada, en réponse à la première phase de l'invasion turque de l'île.
On nous a distribué des munitions réelles et nous avons entamé notre long voyage en autocar jusqu'à notre nouvelle base, une ancienne installation de la marine américaine située dans la banlieue de Nicosie. Nous étions ici pour faire un travail - AU SERVICE DE LA PAIX. À notre arrivée, nous avons reçu nos ordres, familièrement appelés groupe O (Synchroniser les montres, Situation..., Mission..., Exécution..., Administration et logistique..., Commandement et transmissions...), qui devaient tous être transmis de manière militaire afin que tous les soldats du régiment, y compris chaque soldat débutant, comprennent leur rôle et connaissent leur devoir.
Au départ, nous devions empêcher les Grecs et les Turcs, ainsi que les Chypriotes grecs et turcs, de s'engager dans un véritable combat. Cela signifiait établir des postes d'observation, patrouiller le long de la ligne verte dans le centre de Nicosie et dans d'autres zones désignées, contrôler les tirs d'artillerie, les appels de chat, organiser le contrôle des réfugiés et le maintien général de la loi et de l'ordre. Ensuite on passe à la deuxième phase de l'invasion, qui a vu l'arrivée de troupes et d'équipements turcs supplémentaires, ainsi qu'une guerre aérienne offensive. Les Canadiens ont été renforcés par des véhicules à chenilles Lynx et des fusils sans recul de 106 millimètres montés sur nos véhicules blindés de transport de troupes (VBTT). Le régiment travaille à un rythme effréné. Parallèlement à la phase opérationnelle, il fallait s'occuper des munitions, de l'hébergement, des cartes, de la literie, des véhicules, des installations de nettoyage, de la prévention de la déshydratation et de toutes les autres questions administratives nécessaires. Nous travaillions 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et l'humour a permis à beaucoup d'entre nous de tenir bon :
- Comment voulez-vous que nous conduisions du mauvais côté de la route ?
- Cet emplacement ressemble au parc à roulottes où j’ai grandi.
- Pourquoi le yaourt est si chaud qu’il faut le boire ?
- Pourquoi les britanniques utilisent des couleurs pour indiquer quand le pain avait été cuit ?
- Combien de fois est ce que les civils vont me demander : « Vous connaissez mon cousin à Toronto ? ».
- Pourquoi il fait plus chaud dans la Jeep quand elle roule ?
- Où est ce que l’on peut trouver les niaiseux ?
Même les ordres de routine avaient de l’humour, *SOURIER*, la course est bonne pour nous… si vous n’êtes pas d’accord, discutez-en avec le sympathique sergent-major de la compagnie.
Alors que nous nous rendions au port maritime de Limassol pour organiser le déchargement de nos véhicules de NCSM Provider, j’ai vu des chèvres sur les branches de figuiers et des raisins, récoltés par des chypriotes. La vie continuait à Chypre. Au milieu de nos tournées, j’ai été transféré de la compagnie F au QG de l’ONU au camp de bérets bleus. Mon nouveau poste était celui d’officier-adjoint des opérations et de l’information. En réalité, c’était la section de renseignement avec un major britannique comme patron et deux excellents sous-officiers britanniques très bien entraînés dont l’un d’entre eux, je suis toujours en contact jusqu’à ce jour. L’une de mes premières interactions sociales avec mon nouveau patron a été … « terrain de cricket — 14 h — porter du blanc ».
Si vous pouvez le croire, on ma donné une voiture compact Ford avec l’immatriculation UN 144. Cela m’a certainement ouvert les yeux car j’avais la liberté du mouvement. Mon travail était extrêmement intéressant et stimulant, car nous devions informer quotidiennement le commandant des Nations Unies de la disposition de toutes les troupes sur l’île, y compris les troupes des Nations Unies, les Chypriotes turcs et grecs, ainsi que de tout changement d’effectifs, d’emplacements, de victimes ou de combats. Les forces des Nations Unies rassemblaient des contingents : canadiens, britanniques, danois, autrichiens, suédois, et finlandais.
Comme vous pouvez l’imaginer, des déplacements importants ont été nécessaires, y compris des rencontres avec tous les autres contingents et leurs personnel de l’intelligence. Cela s’est fréquemment traduit par de longs déjeuners après nos réunions, dont la plupart ont eu lieu dans leurs locaux. Les membres du contingents finlandais m’ont expliqué les règlements à suivre : deux doigts de vodka et ensuite un sauna. Les contingents autrichiens m’ont montré le fonctionnement détaillé de leurs nouveaux wagons Mercedes G. Les danois ont toujours fourni de merveilleux sandwichs ouverts au déjeuner avec la bière Tuborg ou Carlsberg obligatoire. Les britanniques étaient dans une classe à part. Il était toujours agréable de discuter avec les membres du Queen Alexandra’s Army Nursing Corps. Lors d’une visite au RAF de Nicosie, j’ai remarqué un enseigne dans le mess des officiers qui se lisait comme suit : « Si Dieu avait voulu que l’armée vole, il aurait peint le ciel brun ».
En fait, il y avait un vol d’hélicoptères sioux de l’armée britannique auquel j’avais un accès régulier pour la reconnaissance aérienne. L’une de mes visites les plus désagréables en hélicoptère fut à Famagouste, une ville côtière et ancienne destination portuaire et de villégiature. En août 1974, Famagouste a été transformée en une ville fantôme lorsque ses résidents chypriotes grecs ont fui en réponse à l’invasion turque et aux bombardements associés. Notre visite m’a montré la méchanceté de la guerre car la ville n’était rien d’autre qu’une série de maisons en ruine et d’hôtels inondés de chiens sauvages et d’animaux domestiques affamés. La ville est encore abandonnée à ce jour.
Mon rôle m’a amené dans de nombreuses parties de l’île à la recherche de renseignements militaires, d’informations et de contacts avec les contingents de l’ONU et le chypriotes locaux. Tout au long de mes voyages, j’ai toujours été émerveillé par les choses que j’ai vues sur cette île séculaire. J’ai vu des milliers de flamands roses sur les lacs salés de Lanarca, un monastère centenaire dans les montagnes de Kourion, et j’ai apprécié l’hôtel Amathus sur la plage. C’est là où j’ai eu la chance de prendre mon premier Nescafé, après avoir enlevé une mince tranche de bois du pied d’un jeune chypriote. Ma tournée à Chypre m’a ouvert les yeux sur le monde.
Biographie
Ma vie a commencé à Saskatoon, en Saskatchewan. Jeune, j'ai eu beaucoup de chance car j'avais déjà fixé mes objectifs professionnels :
- Obtenir une commission dans l'armée canadienne ;
- Devenir parachutiste ; et
- Devenir avocat.
Mon parcours a commencé en tant qu'élève officier au sein de l'infanterie légère de Saskatoon et s'est poursuivi au sein du North Saskatchewan Regiment, puis dans le cadre du Programme de formation des officiers de carrière (PFOR) à l'Université de Saskatchewan. Une fois diplômé et nouvellement commissionné, j'ai été envoyé au 2e Régiment de la Garde canadienne à Petawawa (ON), un endroit dont je n'avais jamais entendu parler. J'ai eu la chance de rejoindre le bataillon entièrement mécanisé du Commandement allié en Europe, Terre [AMF(L)]. Le régiment a été rebaptisé 3e bataillon, The Royal Canadian Regiment (3RCR) pendant l'exercice Green Express au Danemark, mon premier déploiement en Europe. J'ai eu la chance d'être choisi pour suivre le cours de guerre dans la jungle australienne ainsi que le cours de guerre en montagne à Kananaskis AB. Pendant que je servais dans le régiment, nous avons également été déployés à Montréal et à Ottawa pendant la crise du FLQ, et à Kingston pendant les troubles au pénitencier de Millhaven.
Mon prochain objectif était le cours de saut, et après avoir réussi ma qualification, j'ai été affecté « dans l'ouest » à Edmonton, avec le Régiment aéroporté du Canada. C'est avec cette unité que j'ai été déployé, en 1974, sur l'île des Saints — Chypre, en réponse à l'invasion turque.
Après Chypre, j'ai été libéré et j'ai suivi des études de droit. Une fois diplômé, j'ai eu la chance d'être engagé par un cabinet d'avocats de Victoria, en Colombie-Britannique, dont je suis devenu l'associé directeur. J'ai énormément apprécié mes 38 années de pratique du droit, tout en restant dans la première réserve en tant que juriste. J'ai été nommé conseiller juridique de zone (Pacifique) ici même à Victoria. Avec une équipe de quatre juristes, notre travail consistait à conseiller le commandant de zone sur les modifications du droit militaire, à l'assister dans les procès sommaires, les commissions d'enquête et à diriger les cours martiales, ainsi qu'à donner des instructions sur le droit de la guerre et sur toute autre question juridique pertinente.
Alors que je fréquentais l'école de droit de l'armée américaine en Virginie, un officier du sud des États-Unis m'a demandé : « Est-ce que vous servez des hamburgers au poisson-chat chez McDonald's ? ». Je ne savais pas trop quoi répondre à cette question. J'ai également été quelque peu déconcerté lorsque certains Sudistes ont continué à parler de la guerre civile américaine comme de la guerre d'agression du Nord. De vieilles rancunes subsistent.
De retour au cabinet privé, que j'ai exercé parallèlement à mes activités de réserviste, j'ai eu la chance d'avoir une clientèle merveilleuse, des partenaires et des avocats formidables, un personnel dévoué et un véritable sens de la communauté. Mes associés ont été si généreux qu'ils m'ont soutenu, ainsi que ma famille, lors de mon déploiement de trois mois en Allemagne de l'Ouest en tant qu'avocat du SLAE — Senior Legal Adviser Europe (conseiller juridique principal pour l'Europe).
Mes principaux domaines d'activité étaient le droit des sociétés, le droit immobilier et le droit des fiducies. Notre cabinet comptait — et compte toujours — une quinzaine d'avocats, ce qui en fait l'un des plus anciens et des plus importants de la ville. J'ai également eu le privilège de siéger à un certain nombre de conseils d'administration, dont ceux de l'hôpital Mount Saint Mary, du Corps canadien de l'armée et de la police ; Mount Saint Mary Hospital, le Corps canadien des commissionnaires, Broadmead Lodge for Veterans, Victoria Estate Planning council, Union Club in British Columbia, Victoria Hospital Foundation et Canadian Scottish Regiment Heritage Foundation.
Je suis également membre militaire du Conseil de liaison des Forces canadiennes.
Je réside actuellement à Oak Bay, en Colombie-Britannique, avec ma femme Elaine, nos trois enfants adultes et leurs enfants. Pendant ma retraite, je me maintiens en forme et je passe beaucoup de temps sur notre propriété de Saltspring Island, Woodpecker Hollow, à couper du bois, à construire des terrasses, à peindre des rochers en blanc et à faire du rangement, souvent avec un cigare non allumé à la main. J'ai en effet eu de la chance.
Dommages au Ledra Palace Hotel, où nous étions logés à Nicosie, Chypre.
Pete Bradley et moi.