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Outremont, QC, Canada

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Résidence actuelle : Montréal, QC, Canada

En 1962, comme lieutenant de 23 ans, j’attendais avec impatience mon affectation au Congo belge. Ce pays était plongé dans un état de chaos à la suite d’une indépendance hâtive et imprévue, suivie par le retour illégal au Congo de l’Armée belge qui a empiré les choses. Le gouvernement central s’était effondré et le premier ministre Lumumba avait été assassiné. Le Katanga, riche en minéraux, s’est séparé, militarisant sa gendarmerie avec des officiers belges et français, une force aérienne et des mercenaires en groupes mobiles meurtriers

Lorsque je suis arrivé à Kamina en tant qu’officier de liaison de l’ONU dans un bataillon congolais, la mission d'« imposition de la paix » de l’ONU (ONUC), était maintenant la mission onusienne la plus importante et la plus robuste de l’histoire. Cette séparation du Katanga était son principal problème. 

Deux grandes opérations de l’ONUC contre les forces katangaises avaient déjà été interrompues par des considérations politiques à l’ONU à New York. Le Secrétaire général de l’ONU Dag Hammarskjöld a entrepris de négocier un cessez-le-feu avec Moïse Tshombe du Katanga, mais son avion s’est écrasé en route, de façon suspecte, entraînant sa mort en septembre 1961. 

U Thant a remplacé Hammarskjöld au poste de Secrétaire général, adoptant une approche beaucoup plus imposante. Une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l’ONU autorisait clairement « l’usage de la force ». Le major-général Prem Chand a lancé l’opération Grandslam le 28 décembre 1962, avec l’approbation de U Thant, en utilisant une force de l’ONU de la taille d’une division. Cette fois, il réussit à s’emparer du centre-ville d’Élisabethville, capitale du Katanga rebelle. 

J’ai participé à la phase subséquente de Grandslam, qui visait à supprimer les bastions restants de la gendarmerie et des mercenaires dans le sud du Katanga. La veille du Jour de l’An, j’ai accompagné une compagnie du 2e bataillon congolais. Nous devions saisir Kabongo, la base du Groupe Mobile D. Il n’y avait pas de route, seulement une ligne de chemin de fer — et c’est ce que nous avons utilisé ! Elle nous a bien servi jusqu’à ce que le train roule sur un piège explosif qui brise les rails. Des dizaines de soldats ont dû pousser les wagons couverts pour reconstituer le train, après avoir réparé les rails. 

Lorsque nous sommes arrivés à Kabongo, la population s’était enfuie dans la brousse et il n’y avait aucun signe des mercenaires. Or, avant de partir, ces derniers avaient habilement camouflé l’aménagement d’un champ de mines antipersonnel entourant le puits d’eau du village. L’un de nos hommes a été tué sur le coup. Son sergent gisait, inconscient, plus loin dans le champ de mines. Nous avons réussi à le faire sortir, mais les blessures infligées à la tête par des éclats de mine étaient évidemment mortelles. Nous n’avons rien pu faire pour lui. Les Suédois étaient trop loin pour une évacuation médicale ; l’infirmier congolais n’avait rien dans sa trousse qui puisse l’aider ; et tout ce que je pouvais faire était de le tenir pendant qu’il mourait sur le sol d’un hangar détruit. Je n’oublierai jamais cette frustration de ne pas pouvoir faire quelque chose.

Le contingent de l’ONU de Kamina a continué au cours des semaines suivantes à rechercher des mercenaires. En même temps, le bataillon congolais s’occupe des villages où des milices tribales résidaient. Ces groupes aiment la formalité. Ils se forment en trois rangs lorsque les camions du bataillon congolais entrent dans leur village au petit matin. Ensuite, leur chef fait une déclaration de loyauté au gouvernement central. Tous semblaient sincèrement heureux que le régime du Katanga ait été renversé lors de la troisième et dernière offensive de l’ONUC. 

Après six mois avec le 2e Bataillon congolais, je retourne à Léopoldville où je passe 6 mois additionnels dans la branche « d’intelligence » du quartier général de l’UNOC (appelé « informations militaires » par l’ONU). L’équipe canadienne bilingue d'« information militaire » agissait comme intermédiaire et facilitait ainsi le soutien américain à l’armée congolaise. Le gén Mobutu et son personnel appréciaient les officiers canadiens et leur faisaient confiance. Mon rôle était de visiter occasionnellement mon ancien bataillon, qui se déplaçait maintenant vers le nord dans le Katanga, pour obtenir des mises à jour sur l’impact de l’armée congolaise sur la population. 

Je suis rentré chez moi, après 13 mois auprès de l’ONUC. J’étais attristé par l’intrigue politique internationale qui a continué de faire obstacle à la paix et au développement, et qui se perdurera pendant de nombreuses décennies. J’étais aussi marqué par la capacité d’opérations d’« imposition de la paix » de mettre fin à de tels conflits, si elles sont dotées d’une direction et d’un soutien politiques intelligents. Cette perspective est restée gravée en moi au cours de mes 40 années de participation à des missions de paix. 

Biographie

Terry, a grandi à Outremont (Montréal). Il est titulaire d’un baccalauréat de l’Université Queens, d’une maîtrise en administration publique de l’ENAP, a réussi le Collège d’état-major et a suivi le cours d’un an du Collège de la Défense nationale.

Terry s’est enrôlé dans l’Armée régulière en 1957 à titre d’élève-officier et a été commissionné dans le Royal 22e Régiment à Valcartier en 1958. Il a servi 15 ans à des postes de commandement, principalement au sein de son régiment. Il a commandé un peloton de parachutistes du 2e bataillon. Puis, il a été détaché pendant 13 mois à une mission de maintien de la paix de l’ONU dans l’ex-Congo belge, où il a reçu la médaille de l’Ordre de l’Empire britannique (MBE) pour «  bravoure ». En 1965, Terry a servi deux ans comme capitaine dans son bataillon en Allemagne. Promu major, il commande une compagnie d’infanterie du 2e bataillon, à la Citadelle de Québec, et de nouveau dans le 1er Bataillon à Lahr, en Allemagne. Finalement, en 1975, Terry commande le 1er bataillon en Allemagne à titre de lieutenant-colonel.

En 1983, promu brigadier-général, Terry prend le commandement du groupe-brigade francophone à Valcartier pendant deux ans. La mission de ses 5 000 soldats et équipages d’hélicoptères était de renforcer la Norvège, en cas de demande de ce pays. Il a lancé un exercice transatlantique pour montrer la volonté et la capacité du Canada d’intervenir. Elle a été exécutée avec succès par son remplaçant en 1986. Dans l’intervalle, Terry a fourni des troupes pour répondre aux tâches de maintien de la paix. En particulier, il a effectué deux rotations pour remplacer les bataillons canadiens à Chypre. En 1987, Terry a été chargé d’appuyer le secrétaire général des Nations Unies à New York. En tant que chef d’une « équipe technique » internationale, il a produit un plan militaire pour une force de paix qui surveillerait un futur référendum sur l’indépendance du Sahara occidental, si un cessez-le-feu était convenu par les parties.

Entre les postes de commandement, Terry a servi 13 ans dans une succession de mandats d’état-major exigeants. En 1967, il est capitaine au quartier général de la nouvelle brigade francophone créée à Valcartier. Comme major, il est au bureau des « opérations  » de la Force mobile à Saint-Hubert, qui était, en réalité, le quartier général de l’Armée. Là, en 1974, il doit aborder l’invasion de Chypre par la Turquie. Il a été au cœur de l’effort d’état-major qui a déplacé le reste du Régiment aéroporté du Canada d’Edmonton à Chypre, ainsi que ses fournitures et son équipement de combat. De plus, des véhicules blindés M113 ont été empruntés de la brigade canadienne en Allemagne et ont été expédiés en vitesse à Chypre. Terry retourne à la Force mobile en 1977 en tant que lieutenant-colonel, puis colonel, dans le poste de directeur de la doctrine et de l’instruction. Parmi d’autres tâches, il a été secrétaire pour le processus de « combat development » de l’armée. Terry a ensuite été affecté au Quartier général de la Défense nationale à Ottawa à titre d'« analyste principal des politiques » dans la division responsable de la politique de défense du gouvernement. En 1985, en tant que brigadier-général, Terry est retourné au QG de la Défense nationale à Ottawa, à titre de chef des affaires publiques. Puis, promu major-général, il devient chef, Planification opérationnelle et Développement des forces, sous la direction du sous-chef d’état-major de la Défense (DCDS). Entre autres tâches, il supervise la conduite des opérations en cours de maintien de la paix ainsi que la préparation de nouvelles opérations. L’une des nouvelles missions canadiennes a été le la mise sur pied urgente d’un réseau de communication pour une mission d’observation internationale créée rapidement en 1988 par l’ONU pour superviser le cessez-le-feu dans la guerre entre l’Iran et l’Irak. 

Après avoir pris sa retraite de l’Armée en 1988, Terry a servi pendant 13 ans en tant que cadre supérieur chez Davie Shipbuilding, puis au sein du Chemin de fer Canadien Pacifique. Par la suite, il a été un commentateur fréquent aux émissions d’actualité de Radio-Canada et a été nommé chercheur à l’Université du Québec à Montréal. 

Terry occupe également des postes bénévoles pour aider les anciens combattants. Il est gouverneur de la Division du Québec du Corps des commissionnaires depuis 2001, en plus d’être membre du comité national des affaires publiques des Commissionnaires pendant six ans. 

Terry a occupé le poste honorifique de colonel du Royal 22e Régiment, de 2001 à 2006. Il a visité les unités du régiment en opérations en Bosnie (ex-Yougoslavie) et en 2004, en Afghanistan. Il a ensuite joué un rôle clé dans l’organisation des célébrations du centenaire du régiment. 

En 1965, il épouse Louisette Desrosiers de Québec. Ils ont deux filles et quatre petits-enfants.

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Les missions suivantes sont présentées par les Casques bleus dans leurs anecdotes personnelles de l'Anthologie.