Ottawa, ON, Canada
Tom Charette
Résidence actuelle : Stratford, ON, Canada
J’ai été déployé en Bosnie en 1999 en tant que jeune soldat d’infanterie, n’ayant servi que 5 ans, mon niveau d’expérience était donc assez bas. La guerre principale en Bosnie était terminée, mais le pays avait encore besoin d’être stabilisé, et nous avons donc été envoyés en tant que soldats de la paix. Mon rôle en tant que soldat dans une section d’infanterie était principalement celui de sentinelle aérienne, qui consistait à regarder à l’arrière de notre véhicule d’infanterie, pendant que nous manœuvrions à travers le pays. J’étais également responsable de la sécurité des portes et mitrailleur C9 lors de patrouilles à pied dans différents endroits.
Nous avons effectué de nombreuses patrouilles montées, nous arrêtant dans de petits villages en cours de route pour parler aux habitants, avec un interprète. Nous avons visité des sites de confinement d’armes pour des inspections hebdomadaires afin de nous assurer que les principales armes utilisées pendant la guerre y étaient sécurisées. Il s’agissait d’un accord de paix. La gamme d’armes était impressionnante, à partir d’armes légères jusqu’aux fusils de tireurs élites, en passant par les mortiers. La rivière Uno se trouvait sur notre route et, d’après ce que l’on nous a dit, elle était remplie de cadavres de soldats morts pendant la guerre. Beaucoup d’interprètes nous ont raconté des histoires horribles de cette époque où les voisins tuaient leurs voisins en fonction de leur religion. Apparemment, le groupe qui avait le plus grand nombre, que ce soit les Croates, les Serbes ou les Musulmans, c’est eux qui tuait les autres dans leur village. Des mines jonchaient tout le pays. Nous avons visité une école où il n’y avait que deux salles de classe car le reste de l’école était miné. Ces enfants étaient durs à cuire, car il n’y avait pas de chauffage et il faisait très froid. En voyant cela, je me suis rendu compte pour la première fois à quel point nous étions bien chez nous et cela m’a rappelé mes propres enfants.
La mission n’a pas été que du travail pendant six mois. Nous avons eu deux périodes de repos de quatre jours qui m’ont permis de découvrir d’autres régions du monde. Budapest, en Hongrie, était une ville étonnante, et le voyage en train a été un bon début, en prenant une bière avec une femme de 90 ans à 8 heures du matin avec mes copains. Le séjour suivant s’est déroulé en Croatie, dans une ville située le long de la mer Méditerranée, et c’était un endroit extraordinaire à visiter. Il n’y avait aucun problème à se promener dans la ville avec des Heineken toute la journée.
Ce que je retiens de positif de mon séjour en Bosnie, c’est que la jeune génération est fatiguée de la guerre. Ils ne se souciaient pas autant que leurs aînés de leur religion, ils voulaient simplement profiter de la vie et aller de l’avant. Ils ont traversé une période horrible et sont allés de l’avant.
Ma deuxième mission de maintien de la paix a eu lieu en 2004, lorsque les bandes organisés (gangs) ont décidé de prendre le contrôle d’Haïti. Avec les troubles et les émeutes, le président s’est enfui en République dominicaine. À l’époque, j’étais tireur d’élite dans la section de reconnaissance, et quatre d’entre nous ont été chargés d’aller en Haïti avec une petite composante d’infanterie et de soutien. Nous avons atterri à l’aéroport de Port-au-Prince et l’avons d’abord sécurisé. Nous avons monté un camp à partir de rien, avec des tentes modulaires et des conteneurs maritimes empilés les uns sur les autres pour assurer une surveillance par des tireurs d’élite. Les premières semaines n’ont pas été très amusantes, avec des mille-pattes et des tarentules grimpant sur nos lits de camp, jusqu’à ce que nous construisions des planchers pour quitter le sol.
Nous avons commencé à effectuer des patrouilles à pied pour sécuriser la ville. En partenariat avec les tireurs d’élite américains, nous avons mené de petites opérations pour repousser les membres des bandes organisées. Le résultat fut un retraite rapide de ces éléments audacieux et grâce à notre forte présence, des négociations ont eu lieu pour rétablir le gouvernement. Certaines expériences n’étaient pas pour les cœurs tendres. Lors d’une patrouille, une section a trouvé un mort dans le fossé et a appelé l’ambulance. Les ambulanciers sont arrivés, ont mis le corps sur une civière, puis l’ont enlevée et l’ont jetée dans le fossé. Interrogés à ce sujet, ils ont répondu qu’ils ne prenaient que des personnes vivantes et sont repartis. Les rues étaient jonchées d’ordures parce qu’il n’y avait pas d’enlèvement des ordures. Nous avons mené une opération de nettoyage des rues sur un axe principal de la ville et, une fois l’opération terminée, nous avons transformé une route à deux voies en une route à six voies. Moins de deux semaines plus tard, la situation était redevenue la même qu’avant.
Parmi les points positifs, les habitants se sont montrés très réceptifs à notre présence, souhaitant la paix avec les bandes organisées. Bien que la plupart d’entre eux n’aient rien, ils ont trouvé le moyen de sourire et de nous faire signe lorsque nous sommes passés. Au cours de nos patrouilles, nous avons distribué une grande partie de nos rations aux enfants. Après avoir passé six mois en Haïti, je me suis rendu compte, à mon retour, de la chance que nous avons ici au Canada. Je souhaite bonne chance à Haïti, mais tant que les riches et les pauvres ne seront pas égaux, rien ne changera.
Biographie
L’armée, en un mot, m’a évité de prendre un mauvais chemin dans la vie. J’avais 23 ans et mes journées consistaient à dormir jusqu’à midi parce que je travaillais dans un bar jusqu’à minuit, puis à faire la fête toute la nuit, à me réveiller et à recommencer. Je me suis engagé dans l’armée et, deux ans plus tard, je suis parti à l’entraînement de base à Cornwallis (NS) en avril 1994. Mes copains me disaient tous « à dans une semaine », parce que je n’avais aucune discipline et que j’étais un fauteur de troubles. Je devais leur prouver qu’ils avaient tort, car je savais que j’étais destiné à faire plus dans ma vie que de faire la fête.
Le premier jour, les instructeurs étaient composés principalement de fantassins et étaient les plus effrayants que je n’avait jamais vus. Ils n’avaient qu’un seul volume, et c’était le volume fort, alors se faire crier dessus était constant à partir de 6 heures du matin. Nous devions nous entraîner le matin, puis prendre le petit-déjeuner, nous soumettre à une inspection, puis nous entraîner, déjeuner, s’entraîner, dîner, s’entraîner, dormir et recommencer pendant un mois avant d’avoir droit à notre première nuit de sortie. Pour un civil, c’était une transition difficile, mais il y avait un but à atteindre et nous devenions vraiment en forme. Au bout de deux mois, nous avons obtenu notre diplôme.
L’école de combat suivait, un cours d’infanterie très difficile de quatre mois à Gagetown (NB), une très grande base militaire dont nous allions apprendre à connaître les moindres recoins. L’école de combat nous a enseigné le maniement d’armes multiples (mitrailleuses, grenades, mortiers), ainsi que les patrouilles, la course d’orientation et la guerre hivernale. Nous avons obtenu notre diplôme et sommes devenus membres du 2e Bataillon de la *Royal Canadian Regiment*, en restant à Gagetown. Au cours de ces années, j’ai participé à trois missions opérationnelles, en Bosnie en 1999, en Haïti en 2004 et en Afghanistan en 2007. J’ai également participé au sommet du G7 à Halifax en 1995, en tant que chauffeur d’un membre du Parlement, et j’ai fait partie du cortège du président Clinton. Le niveau de sécurité était incroyable : des tireurs d’élite sur les toits, tout le centre-ville verrouillé et les agents des services secrets portant deux MP5 de chaque côté de leur *trench-coat*. J’ai joué au hockey et au football de base, qui étaient assez compétitifs, proches du niveau junior B, avec de nombreux matchs et tournois. Nous avons passé de bons moments lors de ces événements. Gagetown était un bon endroit pour élever des enfants, ayant moi-même deux filles, car la communauté était unie et solidaire, et les installations étaient de premier ordre pour tous les sports.
Lorsque je n’étais pas en mission ou en opération, je suivais de nombreux cours militaires. Je suivais des cours de conduite, de mitrailleuse, de communication, de reconnaissance, de guerre hivernale, de parachutisme, d’opérations en montagne, de leadership, de soins tactiques aux blessés au combat, de défense chimique, biologique, radiologique et nucléaire, de sensibilisation au suicide, de conseiller en harcèlement, de questionneur tactique, de marchandises dangereuses, d’artilleur/chef d’équipe de véhicule blindé léger et de chef de détachement de tireurs d’élite, mais le plus difficile était le cours de base de tireur d’élite.
Le taux de réussite à cette épreuve est d’environ 10 $, et j’étais donc très fier de l’avoir réussie. Le défi que représente le fait d’être confronté à un ennemi a une saveur difficile à décrire, même s’il ne s’agit pas d’un scénario où l’on risque de se faire tuer. Le seul problème était la période de l’année, décembre, alors ramper le long des ruisseaux à travers toutes les étapes requises pour atteindre votre cible, avec des glaçons accrochés à vos oreilles, n’était pas très amusant, toutefois à ce moment-là, cela n’avait pas d’importance, parce que vous faisiez n’importe quoi pour réussir.
J’ai été promu au grade de sergent après mon affectation en Afghanistan en 2007. Peu de temps après notre retour d’Afghanistan, il a été décidé qu’un grand nombre d’entre nous seraient affectés à l’extérieur pour diffuser nos connaissances sur les combats, car la plupart d’entre nous avaient été confrontés à des combats violents. Nous avons perdu 22 soldats au cours des sept mois que j’ai passés là-bas. À deux reprises, nous avons perdu six soldats en même temps. Cela a affecté tout le monde et personne n’est revenu le même.
J’ai été affecté à la base de Trenton dans une unité spéciale pendant quelques années avant d’arriver à mon dernier arrêt, où ma carrière allait se terminer en aidant à diriger une unité de réserve, le 4e bataillon du Royal Canadian Regiment (4RCR). J’avais une certaine réticence à l’égard des réserves, mais après y avoir servi pendant six ans, je me suis rendu compte qu’il s’agit du soldat, et qu’il y a du bon et du mauvais partout. Le 4RCR comptait beaucoup de soldats professionnels et j’ai apprécié le temps que j’ai passé avec eux avant d’être libéré pour raisons médicales, en raison de mon séjour en Afghanistan. Finalement, ça m’a rattrapé.
Sécurité des pécheurs pour Haïti.
Soirée hockey au Canada en Afghanistan, 2007.