St. Lawrence, NL, Canada
Tom Tarrant
Résidence actuelle : Kingston, ON, Canada
La Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) a duré de 2004 à 2017. J’y ai été déployé pendant un an pour être le chef d’état-major du commandant de la force, qui était un général trois étoiles du Brésil. C’était une façon fascinante pour moi de terminer ma carrière militaire.
La mission militaire comptait environ 8 000 soldats de partout à travers le monde, notamment de l’’Amérique centrale et du Sud, de la Jordanie, du Népal et des Philippines. Le mélange de cultures, de religions, de coutumes et de traditions était très intéressant pour quelqu’un comme moi qui avait surtout travaillé avec des militaires de l’Amérique du Nord, de l’Europe et de l’Afrique au cours de ma carrière. Aussi déployé pour cette mission était des forces de police civile des Nations Unies d’à travers le monde, y compris des membre de la Gendarmerie royale du Canada ( GRC).
La partie la plus intéressante de mon travail était ma visite hebdomadaire, au nom du commandant de la force, à une ou plusieurs des unités militaires de l’ONU déployées en Haïti. Cela signifiait généralement un voyage en hélicoptère de l’ONU vers une autre partie de l’île afin de m’assurer que les commandants des diverses nations contributrices de troupes étaient au courant de ce que le commandant de la force attendait d’eux et aussi pour écouter leurs préoccupations concernant la mission de leur unité, leur hébergement ou le niveau de soutien qu’ils recevaient du quartier général de la force.
La fierté de chaque unité à représenter son pays en mission était évidente dès l’arrivée sur les lieux. Elle n’était jamais aussi évidente que si vous aviez la chance d’être invité dans une unité le jour de sa fête nationale, une célébration de la fondation de son pays. L’excitation dans chaque campement militaire était palpable, car les drapeaux nationaux, les plats, la musique et la culture étaient pleinement exposés tout au long de la journée. Chaque unité essayait de se surpasser, si bien que les célébrations semblaient devenir de plus en plus complexes au fil de l’année.
La mission avait également un côté sérieux. La violence des bandes organisées, qui a frappé Haïti pendant tant d’années, a rendu le pays presque ingouvernable. Les enlèvements et les extorsions étaient devenus monnaie courante. En décembre 2006, le commandant de la force a décidé qu’il devait chasser les bandes organisés criminels de la zone de Cité Soleil, près de l’aéroport international de la capitale, Port-au-Prince. En janvier 2007, lors d’une série d’incursions nocturnes, dont certaines ont impliqué jusqu’à 1 000 soldats des Nations Unies, ainsi que les forces des Nations Unies et de la police nationale haïtienne, les Nations Unies ont réussi à éliminer ou à capturer de nombreux chefs des bandes organisées. Ces actions ont ramené la paix dans ce quartier de la capitale pour la première fois depuis de nombreuses années.
Le 15 juillet 2007, la veille de mon départ d’Haïti, j’ai été invité par mes collègues brésiliens et argentins à regarder la finale de la Copa America entre l’Argentine et le Brésil. Serait-ce ma mission la plus dangereuse en Haïti ? La passion pour le football (soccer) dans chacun de ces pays est légendaire et elle s’est manifestée pleinement lorsque nous avons regardé le match ensemble. Le Brésil a gagné 3 à 0 dans une rencontre trépidante. Le respect que chaque groupe d’officiers avait l’un pour l’autre transcendait leur rivalité de football et ils sont tous retournés au travail le lendemain matin, prêts à poursuivre la mission ensemble.
Un tremblement de terre catastrophique de magnitude 7.0 Mw a frappé Haïti à 16 :53 heure locale le 12 janvier 2010, tuant des milliers d’Haïtiens et 102 officiers de l’ONU — la plus grande perte de vie dans l’histoire de l’ONU. Les souvenirs du personnel de l’ONU avec lequel j’ai travaillé pendant mon année en Haïti, dont certains ont perdu la vie pendant le tremblement de terre, et les souvenirs des soldats extraordinaires avec lesquels j’ai travaillé au Canada et dans le monde entier font partie des souvenirs les plus chers de ma carrière militaire.
Biographie
Je suis né et j’ai grandi à St. Lawrence, une petite communauté de pêcheurs et de mineurs sur la côte sud-est de Terre-Neuve. Étant l’avant-dernier d’une famille de 12 enfants, je savais que la seule façon d’aller à l’université était de la faire payer par un organisme extérieur. Donc, en 1971, à l’âge de 16 ans, je me suis engagé dans l’armée dans le cadre du Programme de formation des officiers de la Force régulière et j’ai obtenu, en 1976, un baccalauréat en éducation physique de l’Université Memorial de Terre-Neuve. Pendant mes études universitaires, j’ai joué au soccer pour l’équipe universitaire et j’ai eu la chance d’être sélectionné pour jouer pour l’équipe de soccer de Terre-Neuve aux Jeux d’été du Canada 1973 en Colombie-Britannique et ensuite pour l’équipe nationale de soccer du Canada aux Jeux panaméricains à Mexico en 1974. Mon expérience au Mexique m’a été utile plus tard dans ma carrière militaire lorsque j’ai servi dans diverses missions à travers le monde.
Pendant mes études universitaires, j’ai eu la chance de rencontrer ma charmante épouse, Florence. Nous avons vécu ensemble 46 ans de mariage, deux enfants, quatre petits-enfants et treize affectations pendant mes 31 années de service régimentaire (dont trois affectations d’un an) et trois déménagements depuis notre retraite. Il faut une femme forte et dévouée pour entamer ces conditions, et elle en a fait beaucoup plus constamment à travers nos années ensemble. Le dévouement et la détermination de mon épouse de l’armée m’ont toujours impressionné et étonné tout au long de notre vie commune.
Au cours de ma carrière dans l’armée, j’ai été affecté aux trois unités du Royal Canadian Regiment. Je suis fier du fait que j’ai passé dix-sept des trente et une années de ma carrière militaire dans des bataillons d’infanterie. Je me considère très chanceux d’avoir servi huit ans avec le 3e bataillon à la base des Forces canadiennes de Baden, en Allemagne. La possibilité de vivre et de travailler en Europe avec l’armée canadienne et de m’entraîner avec les forces allemandes et américaines lors de nombreux exercices de haut niveau a été un point culminant de ma carrière. Voyager en Europe occidentale tout en explorant sa culture et son histoire a certainement été une gratification. Les visites de nos unités sur les champs de bataille de la Première et de la Seconde Guerre mondiale en compagnie d’anciens combattants et d’historiens canadiens figuraient en tête de liste. Lorsque le mur de Berlin est tombé en 1989, je pense que tous ceux qui avaient servi dans les Forces armées canadiennes en Europe étaient heureux d’avoir joué un petit rôle dans sa chute. Faire partie de l’équipe qui a mis fin à l’engagement de l’armée canadienne envers l’OTAN en 1993 a également été un moment doux-amer.
L’une de mes affectations les plus intéressantes au Canada a été d’aider les Canadiens de Winnipeg et des environs à faire face à « l’inondation du siècle » en avril et mai 1997. Cela m’a fait du bien d’aider des compatriotes canadiens à se remettre d’une catastrophe naturelle majeure après des affectations dans d’autres parties du monde.
Ma première affectation aux Nations Unies a eu lieu au cours de ma première année dans l’armée, lorsque j’ai été déployé avec le 2e bataillon du Royal Canadian Regiment à Chypre à l’automne 1977. C’était ma première affectation, alors que certains de mes sous-officiers en étaient à leur deuxième ou troisième affectation sur cette île méditerranéenne. J’ai beaucoup appris sur le dévouement des soldats canadiens à maintenir la paix entre deux factions de citoyens qui partagent la même île, mais pas les mêmes idées sur sa gouvernance. Nos interactions avec les autres contingents des Nations Unies et les forces de police civile des Nations Unies ont été une première leçon sur la coopération entre les soldats et les forces de police de divers pays contributeurs de troupes.
En 2001, j’étais le seul dans la salle de conférence de la Direction de la formation de l’armée de terre à ne pas pouvoir lever la main lorsque le général a demandé qui avait été déployé à l’étranger au cours des cinq années précédentes. L’armée fonctionne parfois de cette façon. Je me suis donc « porté volontaire » pour diriger une équipe de 12 militaires canadiens afin de travailler avec l’armée britannique dans son ancienne colonie de Sierra Leone, en Afrique de l’Ouest, dans le cadre de l’Équipe internationale d’assistance et d’instruction militaires (IMATT). Cette équipe avait pour mission d’aider à former les Forces armées royales de la Sierra Leone, nouvellement formées, afin qu’elles puissent combattre le Front uni rebelle et rendre le pays aux autorités civiles. À notre arrivée, les soldats britanniques et sierra-léonais contrôlaient la capitale Freetown et le centre d’entraînement militaire situé à 20 km au nord de la ville. Lorsque nous sommes partis six mois plus tard, les RSLAF contrôlaient neuf des dix provinces du pays et la population se préparait à se rendre aux urnes pour élire un gouvernement.
À mon retour d’une tournée d’un an des Nations Unies en Haïti en 2007, j’ai rejoint une entreprise de Kingston (ON), qui conçoit et réalise des exercices d’entraînement pour les Forces armées canadiennes et le gouvernement du Canada. J’ai travaillé pendant sept ans en tant que membre à temps plein de l’équipe et cinq autres années en tant qu’entrepreneur indépendant pour aider l’équipe à temps plein à concevoir des exercices. Le dernier exercice sur lequel nous avons travaillé pour l’Agence de la santé publique du Canada était un scénario basé sur une pandémie mondiale provenant de la Chine. C’est peut-être pour cela qu’ils ne nous ont jamais rappelés ... ?
Le Col (ret.) Thomas Tarrant et le Maj Mark Sullivan inspectent un transport de troupes blindé pendant une patrouille dans Cité Soleil. PHOTOS : MINUSTAH MILITARY PAO/OAP DE LA MINUSTAH
Le chef d’état-major de la MINUSTAH et un commandant de peloton brésilien au cours d’une visite de COCIM à Port-au-Prince.