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Résidence actuelle : Québec, QC, Canada

Les anecdotes que je m’apprête à vous raconter se sont déroulées lors de mon déploiement à Chypre en 1992, dans le cadre de l’opération Snowgoose 57 des Nations Unies (ONU). Cette opération consistait essentiellement à maintenir la paix entre les Chypriotes turcs et les Chypriotes grecs depuis l’invasion du nord de Chypre par l'armée turque en 1974. Pour ce faire, une « zone tampon » longue de 180 kilomètres coupe en deux l’île de Chypre et cette zone est contrôlée par les Casques bleus de l’ONU. J’y ai donc été envoyé en mission de maintien de la paix avec le 3e Bataillon du Royal 22e Régiment. À ce moment-là, j’étais lieutenant ; on m’a déployé comme commandant d’un peloton d’infanterie au sein de la compagnie Rurale, de même qu’au quartier général de la compagnie comme officier d’administration.

Après avoir passé neuf mois au Labrador sous l’égide de l’OTAN, j’étais heureux de pouvoir partir en mission pour l’ONU et fier de porter le casque bleu à l’étranger. Qui plus est, l’opération à Chypre était à l’époque la seule opération importante des Forces armées canadiennes. Mais dès mon arrivée, j’ai commencé à déchanter… Plusieurs règles établies par les grands décideurs des Nations Unies à New York ne faisaient aucun sens à mes yeux. En premier lieu, en tant que membres de l’ONU, nous aurions dû bénéficier d’une liberté totale de mouvement à l’intérieur de la zone tampon. Or, certaines routes nous étaient interdites alors qu’il était possible d’y accéder en passant du côté grec, habillé en civil. À l’intérieur de la zone tampon, tout était figé dans le temps, si bien qu’il nous était interdit de toucher à quoi que ce soit, pas même à une brique posée là depuis 1974. 

Certaines règles trop restrictives contribuaient aussi à mettre en danger la vie des soldats sur le terrain. J’ai personnellement vécu une menace directe à ma vie lors de cette opération, et ce, malgré le fait qu’elle était jugée « tranquille ». En compagnie de mon commandant de section, le sergent Fournier, nous nous étions approchés, vers une heure du matin, d’un poste militaire grec. Nous sommes débarqués de notre véhicule et, en nous apercevant, le soldat a sorti son arme et l’a pointée sur nous. Nous avons constaté qu’il était en état d’ébriété. Le soldat s’est mis à hurler en grec ; évidemment, nous n’y comprenions rien. Nous lui avons répondu : « U-N, U-N », pour préciser que nous étions membres de l’ONU, en évitant bien sûr tout faux mouvement, ce qui aurait pu déclencher un tir. Finalement, nous sommes parvenus à battre en retraite. Mais si nous avions dû nous défendre contre une attaque, nous n’étions pas équipés pour le faire. En effet, les Nations Unies nous interdisaient de porter une arme chargée. Un autre « non-sens » à mes yeux.

Lors de cette opération, il a aussi fallu s’ajuster aux grandes différences de comportements entre les soldats chypriotes grecs et les soldats chypriotes turcs. D’un côté, une armée peu disciplinée (comme en témoigne le soldat ivre), et de l’autre, une armée qui craint les représailles de ses supérieurs. Lors de nos approches vers les postes turcs, les soldats, souvent jeunes, avaient peur de nous, jusqu’à ce que nous leur mentionnions que nous étions Canadiens et présents à Chypre pour maintenir la paix. Il nous était alors possible de fraterniser avec eux.

En résumé, je continue de croire, malgré mon expérience mitigée à Chypre, que l’objectif des Nations Unies demeure positif et louable. Mais les règles et les décrets dictés par les grands dirigeants de l’ONU sont-ils toujours adaptés à la réalité du terrain ? Plusieurs collègues ont vécu des frustrations similaires en Bosnie, alors qu’ils devaient respecter pas moins de 26 règles d’engagement. Maintenir la paix, oui. Mais à quel prix. Et surtout, dans quel contexte. Les militaires ont besoin d’être soutenus dans leurs missions souvent difficiles et complexes. Leur mettre des bâtons injustifiés dans les roues est assurément le meilleur moyen de provoquer leur désengagement.

Biographie

C’est à la fin de mes études secondaires en 1987 que je me suis enrôlé dans les Forces armées canadiennes, plus précisément dans l’infanterie, au sein du Régiment de la Chaudière. Mon régiment des forces de réserve fait partie du 35e Groupe-brigade du Canada et il est entre autres reconnu pour avoir participé de manière remarquable au « Jour J », le 6 juin 1944, lors du Débarquement en Normandie (France). J’ai toujours été fier de faire partie du Régiment de la Chaudière que j’ai eu l’honneur de commander durant quatre années, soit de 2003 à 2007. En juin 2004, j’ai d’ailleurs participé aux célébrations du 60e anniversaire du Débarquement, où quatre monuments en autant de villes et communes normandes ont été inaugurés afin de rendre hommage au courage des « Chaudières » qui ont aidé à libérer la France de l’ennemi. Ce fut, à plusieurs égards, des célébrations émouvantes qui ont rappelé à tous à quel point la présence militaire est essentielle dans le dénouement des conflits. 

Avant de devenir commandant du Régiment de la Chaudière, j’ai évidemment suivi une formation d’officier d’infanterie et j’ai progressé en étant promu jusqu’au grade de lieutenant-colonel. Je suis également diplômé du Collège de commandement et d’État-Major des Forces armées canadiennes, de même que de l’École militaire de Paris. En 2002, la France a demandé au Canada de m’envoyer à titre d’instructeur sur un cours d’officiers spécialistes en état-major ; une première dans l’histoire de la réserve française. Dans le cadre de ce cours donné à Paris, j’ai eu l’honneur de former des réservistes français, britanniques, allemands, suisses et canadiens.

En mai 2006, dans le cadre de mes fonctions de commandant, j’ai obtenu une audience privée auprès de Sa Majesté la Reine Élizabeth II au Palais de Buckingham. Cette audience m’a permis de lui remettre en main propre la réédition d’un livre portant sur l’histoire du Régiment de la Chaudière et de discuter avec la colonel-en-chef de son régiment.

Au cours de mes 22 années de service militaire, j’ai effectué deux missions opérationnelles : la première à Goose Bay au Labrador, sous l’égide de l’OTAN, et la seconde, à Chypre, pour les Nations Unies, avec le 3e Bataillon du Royal 22e Régiment. J’ai servi à titre de commandant de peloton pour la compagnie rurale et comme officier d’administration au quartier-général de la compagnie.

J’ai pris ma retraite des Forces armées canadiennes en 2009. Parallèlement à ma carrière militaire, j’ai obtenu un diplôme en science politique de l’Université Laval. J’ai par la suite travaillé dans le monde des affaires. En 2015, j’ai été élu député fédéral de la circonscription de Charlesbourg−Haute-Saint-Charles (Ville de Québec). Dans le cadre de mes fonctions, j’ai été nommé porte-parole associé en matière de Défense nationale au sein du cabinet fantôme de l’Opposition officielle (2015–2017) et ministre du cabinet fantôme pour la Sécurité publique et la Protection civile (2017–2020). J’ai également agi à titre de vice-président de la Commission de défense et sécurité de l’association parlementaire de l’OTAN (2016–2019). Grâce à mon expérience dans le monde militaire, je suis régulièrement consulté pour tous les dossiers qui touchent à la défense et à la sécurité nationale.

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Les missions suivantes sont présentées par les Casques bleus dans leurs anecdotes personnelles de l'Anthologie.